Découvrez la richesse historique du quartier | Petite Italie

Depuis 1933, le marché Jean-Talon, ses saveurs et ses couleurs attirent les foules tant internationales que locales. On le fréquente pour se procurer des produits frais et locaux, mais aussi pour se laisser tenter par des découvertes de produits du terroir d’ici et d’ailleurs. Suite à la crise économique de 1929 et pour contrer le chômage engendré par celle-ci, le maire de Montréal à l’époque, monsieur Camillien Houde, démarre la construction de plusieurs édifices publics, dont celui du marché du nord, ancienne dénomination de l’actuel marché Jean-Talon.

En 1933, le marché du nord est inauguré sur l’ancien terrain de crosse du Shamrock Lacrosse Grounds. Dix ans plus tard, tous les vendredis et samedis, le marché accueille enfin les marchands de fruits et légumes frais et d'animaux de basse-cour vivants. À la même époque, la ville de Montréal construira à l’angle des rues Shamrock et Casgrain la Clinique d’inspection des viandes. Pour des raisons d'hygiène publique, la vente d'animaux vivants sera finalement interdite en 1971.

Vers la fin des années 1950, les résidents d’origine italienne de la Petite Italie profitent du potentiel des arrière-cours et des garages de leurs demeures pour installer un marché périphérique sur les rues Jean-Talon et Mozart, c’est le début des commerces du pourtour au marché du nord. Et depuis, plus de 400 marchands sont présents au marché et sur son pourtour. Malheureusement, avec l’exode de la population vers les banlieues et l'expansion des chaînes de supermarchés libre-service au début des années 1960, les marchés publics de Montréal subissent une baisse importante de leur achalandage, au point que, qu’en 1961, l’édifice principal du Marché est remplacé par une succursale de la bibliothèque de Montréal. À la fin des années 1970, le marché du nord n’est plus l’ombre de lui-même et la plupart de ses abris tombent en ruine. D’ailleurs, la ville envisage même la fermeture complète du marché.

Heureusement, le début des années 1980 voit les Montréalais redécouvrir les marchés publics et partent en croisade pour sauver ceux qui sont toujours en activité. En 1982, le marché du nord devient officiellement le marché Jean-Talon. La même année, des budgets sont approuvés par la ville de Montréal et des travaux de réaménagement importants débutent afin de réhabiliter le marché et lui redonner sa vocation initiale. Aujourd’hui, avec ses quelque 2,5 millions de visiteurs par année, le marché Jean-Talon est l’un des plus anciens et plus grands marchés à ciel ouvert en Amérique du Nord. Que vous soyez à la recherche de produits locaux ou de découvertes culinaires, vous trouverez auprès des producteurs et transformateurs du marché Jean-Talon, des produits de haute qualité, saisonniers et frais.

Remontant jusqu’à l’époque française, le boulevard Saint-Laurent est la plus vieille artère à avoir été développée vers le nord à partir des anciennes fortifications de Montréal et est le plus important axe transversal de l'île. Chemin rural à ses débuts, puis zone de transit et de commerce, la rue Saint-Laurent deviendra en 1792 la ligne de partage géographique officielle entre la partie est de la ville et sa partie ouest, ce qui accentue davantage son importance sur le plan symbolique. La rue Saint-Laurent devient alors la « main ».

Dès 1896, l’immigration massive de centaines de milliers de nouveaux arrivants venant d’Europe orientale et méridionale transforme le boulevard Saint-Laurent. D’abord installés dans le bas de la ville, les nouveaux arrivants, particulièrement ceux de la communauté juive yiddishophone ashkénaze, remontent le long du boulevard afin de s’y installer et débuter leur nouvelle vie.

Au début du 20e, l’arrivée des immigrants italiens qui se font embaucher par les compagnies ferroviaires change encore une fois le visage du boulevard. D’abord installée à l’angle de René-Lévesque et Amherst, la communauté italienne s'établit plus au nord dans le Mile-End le long du boulevard Saint-Laurent et dans ce qui deviendra plus tard la Petite Italie.

Dans les années 1950 et 1960, la plus importante vague d’immigration italienne s’amorce. Plus de 15 000 familles habitent la Petite-Italie à cette époque. Encore aujourd’hui plusieurs commerces que l’on retrouve sur le boulevard Saint-Laurent dans le quartier remontent à cette période et continuent de servir les clients comme ils le faisaient il y a plus d’un demi-siècle.

Au cours des années 80 et 90, la Petite Italie vit des moments économiques difficiles et le quartier a déjà perdu une bonne partie de ses résidents et commerces d’origine italienne au profit d’autres quartiers de Montréal. Au début des années 1990, la ville de Montréal entend remédier à la situation et revitaliser ce secteur de la ville. En 1996, une association de commerçants italo-montréalais propose à la ville un projet de marquage du territoire permettant au quartier de se distinguer des autres secteurs et de mettre en valeur les origines italiennes de la Petite Italie.

À la fin des années 1990, le projet de créer 14 demi-voiles permettant de délimiter le territoire de la Petite Italie est présenté à la Ville. Après de nombreuses discussions, le projet est finalement accepté. C’est à l’artiste d’origine italienne Aurelio Sandonato que l’on doit la conception des demi-voiles. Celles-ci symbolisent les voiles des bateaux qui transportaient les immigrants italiens au Canada.

En 2001, s’amorce la seconde phase du projet, soit, la construction des arches et portes d’entrée de la Petite Italie sur le boulevard Saint-Laurent. Encore une fois, c’est à Aurelio Sandonato qu’est confiée la réalisation de la maquette des arches. Aujourd’hui, les arches de la Petite Italie mettent bien en valeur son caractère distinctif et ses origines italiennes avec les grands Benvenuti illuminés des arches qui accueillent les visiteurs dans le quartier.

La paroisse Saint-Jean-de-la-Croix fut érigée canoniquement le 19 avril 1900 suite à un démembrement des paroisses Saint-Laurent, Saint-Édouard et Saint-Enfant-Jésus. Le nom de la paroisse tire son origine de la proximité du monastère du Carmel, Saint-Jean-de-la-Croix ayant été le directeur spirituel de Sainte-Thérèse, une religieuse carmélite.

L’église Saint-Jean-de-la-Croix fut la première église de la paroisse construite et fut bénie le 16 décembre 1900 par Mgr Paul Bruchési. Malheureusement, la paroisse fut supprimée en 2001 et fut alors annexée à la paroisse Saint-Édouard. L’église a depuis été transformée et il n’est plus possible d’en visiter l’intérieur. Heureusement, il est toujours possible d’en admirer l’architecture lorsqu'on visite la Petite Italie.

En 1934, plus de 4000 Italo-Canadiens se réunissent et font une collecte de fonds afin de construire un centre communautaire pour la communauté italienne de Montréal. En 1936, la Casa d’Italia est enfin inaugurée, bien que le concept original ait dû être revu à la baisse en raison de l’insuffisance de moyens financiers.

En 1940, en pleine seconde guerre mondiale contre le régime nazi de l’Allemagne et le régime fasciste de l’Italie, l’armée canadienne occupe l’édifice en raison de groupes liés au gouvernement italien de l’époque. Ce n’est qu’en 1947, soit deux ans après la fin de la guerre que la Casa d’Italia sera redonnée à la communauté italienne.

Pendant près de 70 ans, la maison d’Italie représentera un point d’arrivée pour les Italiens de Montréal et le lieu des événements importants de la vie sociale de cette communauté : fêtes, mariages, réunions. Aujourd’hui, l’édifice de style Art déco de la Casa d’Italia se veut toujours le centre culturel de la Petite Italie et la mémoire de la communauté italienne de Montréal grâce à son centre d’archives et de son musée d’histoire.

Au début du XXe siècle, les immigrants italiens quittent le centre-ville de Montréal et prennent la direction du nord pour s’installer dans ce qui est aujourd’hui la Petite Italie. À cette époque, le quartier n’est encore constitué que de quelques habitations et de petits commerces autour desquels s’organise la communauté italienne.

En 1910, à la demande de cette communauté très catholique, l'archevêque Mgr Paul Bruchési érige une nouvelle paroisse et un premier bâtiment est construit là où se trouve aujourd'hui l'école Notre-Dame-de-la-Défense. Cependant, l’immeuble n’est pas à la hauteur de la fierté de la communauté italienne et celle-ci décide de s’investir afin d’en ériger une nouvelle. En 1918, une nouvelle église de style roman voit le jour dans le quartier en hommage à la Madone qui a fait une apparition miraculeuse dans un secteur de Campobasso : la Chiesa della Madonna della Difesa.

En plus de son autel et de sa balustrade en marbre de Carrare et sa décoration de style Renaissance, l’église abrite de nombreuses œuvres d’art réalisées par des artistes d’importance comme Guido Nincheri. Sa spectaculaire fresque ornant la coupole lui a d’ailleurs attiré des ennuis et il fut emprisonné par les autorités canadiennes dans les années 1930 en raison d’un personnage douteux faisant partie de la fresque: le leader fasciste Benito Mussolini.

Le 30 novembre 2002, l’importance de la plus ancienne église de la communauté italo-canadienne fut reconnue par le gouvernement canadien lorsqu’il nomma la Madonna della Difesa lieu historique national.

C'est en 1909 que le conseiller municipal Joseph Martel vend le terrain de l’actuel Parc de la Petite Italie à la Ville de Montréal. Sa seule condition est que cette dernière y aménage un parc. En 1914, à la demande pressante des citoyens de la paroisse de Saint-Jean-de-la-Croix, la ville décide d’acquérir des terrains adjacents dans le but d’agrandir l'espace et de créer officiellement le parc Martel.

En 1998, alors que s’amorce une vaste relance économique du quartier, la ville effectue d’importants travaux de réaménagement du parc. D’ailleurs, c’est à ce moment que le parc Martel deviendra officiellement le parc de la Petite Italie. Les travaux d’aménagement consistent à remettre à leur état d’origine les neuf sentiers du parc, ajouter de l’éclairage, construire un kiosque couvert et ajouter du mobilier urbain.

Aujourd’hui, bien que sa forme rappelle les squares typiquement victoriens d'autrefois avec les arbres matures et les sentiers de travers, ce parc d'ornement rappelle également l'ambiance, la tradition et le charme à l'italienne du quartier.

Pour célébrer le 50e anniversaire de fondation de la paroisse italienne Notre-Dame-de-la-Défense, un groupe d'Italo-Montréalais porte le projet d'aménager un parc d'ornement, à deux pas de la resplendissante église à l'allure florentine, Madonna della Difesa. le 26 juin 1963, cet espace devient rapidement le cœur de la Petite Italie. Il symbolise l'apport de la plus grande communauté italienne du Canada au développement et à la richesse de Montréal.

Le Monument à Dante que l’on retrouve au centre du parc est un buste sculpté par l’artiste Carlo Baloni situé à l’origine dans le parc Lafontaine où il fut inauguré le 22 octobre 1922. Il trouvera place dans le parc Dante en 1964. À la fin des années 1980, le parc Dante se refait une beauté et son réaménagement contribue à enrichir culturellement le quartier et bien des Italiens de seconde génération qui se retrouvent quotidiennement pour profiter des tables à l'ombre ou du terrain de bocce.

Aujourd’hui, le parc est toujours fréquenté par les joueurs de bocce et les résidents de la Petite Italie et attire aussi les cinéphiles qui le fréquentent pour ses projections de films italiens pendant quelques soirées d'été.